Les régions menacées par la désertification sont le plus souvent des lieux de pauvreté extrêmes, où les populations dépendent très fortement des activités rurales. La restauration des terres et des écosystèmes dégradés y est nécessaire et contribue à améliorer la qualité de vie des populations.

Des modes de gestion durable des terres et des techniques de restaurations de terres dégradées ont été développés et progressivement améliorés dans ces zones, souvent par les populations rurales elles-mêmes avec parfois l’appui d’organisations de la société civile et du monde de la recherche.

Restaurer les terres dégradées

Aménagements anti-érosifs

Des techniques permettent de remettre en culture des terres fortement dégradées. On y diminue la dureté de la terre en permettant l’infiltration de l’eau de pluie dans le sols et en piégeant les sédiments riches en minéraux et la matière organique transportée par l’eau. Il s’agit par exemple de creuser des trous en forme de demi-lune ou en forme de poquet pour le zaï dans lesquels les cultures seront plantées. La terre sortie permet de former un bourrelet qui freinera le ruissellement des eaux de pluies. La technique du zaï est apparue chez des paysans burkinabè n’ayant accès qu’à des mauvaises terres, les demi-lunes quant à elles ont été développées en réponse aux sécheresses des années 80. 

Régénération naturelle assistée

La régénération naturelle assistée est une pratique agroforestière qui consiste à restaurer et protéger les arbres et arbustes à partir des pousses naturelles et repousses des souches présentes dans les parcelles cultivées. La présence des espèces ligneuses régénérées dans les parcelles permet d’améliorer la structure et la fertilité des sols, ainsi que leur rétention en eau. Par ailleurs, l’exploitation des produits ligneux et non ligneux permet également d’améliorer la sécurité alimentaire et économique des populations. Enfin, la biomasse régénérée par cette pratique va stocker du carbone et ainsi contribuer à atténuer les effets des changements climatiques.

Gérer durablement les terres

Association de cultures

Plusieurs pratiques culturales maintiennent ou améliorent la fertilité du sol dans les territoires soumis à la désertification. L’association des cultures dans une même parcelle permet par exemple de bénéficier de la différence d’enracinement des plantes et d’une meilleure utilisation de l’énergie solaire. L’agroforesterie s’inspire de ce principe. Toutefois, l’ajustement des calendriers culturaux n’est pas aisé, particulièrement avec la mécanisation. Ces techniques sont mieux adaptées au travail manuel qui reste prédominant dans les agricultures paysannes du Sud.

Semis sous couvert végétal

La couverture permanente du sol est également une pratique favorable au maintien de la fertilité du sol. Le semis sous couvert végétal en est sa forme la plus récente. Cependant, elle présente quelques difficultés, notamment car le contrôle des plantes de couverture s’avère souvent problématique sans recours aux herbicides chimiques. La fabrication et l’apport de fumure organique ou compost de qualité sont quant à elles des priorités de l’approche agroécologique. En effet, les plantes exportent des éléments nutritifs et le sol doit donc être enrichi de ces éléments. Naturellement, ce sont les micro-organismes qui assurent le transit dans un sol aéré et humide, il s’agit donc de dynamiser cette activité. La matière organique contribue à renforcer l’activité biologique des sols (bactéries, champignons et insectes). Le compost constitue la forme la plus appropriée pour cet apport.

Association de l’agriculture et de l’élevage

Dans beaucoup de situations, l’association agriculture-élevage est trop peu valorisée pour la fertilisation du sol. En zone intertropicale par exemple, les paysannes et les paysans pratiquent soit l’agriculture, soit l’élevage. Ainsi ni les excréments ni la force de traction des animaux ne sont valorisés. L’introduction à une plus large échelle de la traction animale pourrait pourtant contribuer à gagner sur les tableaux de la fertilité et de la réduction de la pénibilité du travail. D’autant plus qu’elle bénéficie des énormes progrès réalisés depuis plus d’un demi-siècle. En effet, il existe toutes sortes d’équipements adaptés aux différentes espèces animales. Toutefois, le facteur le plus limitant reste la disponibilité de ressources fourragères en saison sèche.

Gérer durablement les ressources en eau

Au titre de l’économie de l’eau, deux cas doivent être considérés : les parcelles cultivées d’une part, et les autres espaces du terroir et les bassins versants d’autre part. Dans les espaces cultivés en agriculture pluviale, le choix des espèces en rotation ou en association permet d’optimiser l’utilisation des précipitations. C’est aussi le cas des pratiques culturales qui facilitent la pénétration des eaux de pluie. Leur mécanisation, quand elle est possible, permet un gain appréciable de temps et de productivité. Dans les autres espaces du terroir et les bassins versants, le stockage de l’eau est assuré soit par des ouvrages freinant le ruissellement (cordons pierreux et diguettes), soit par des retenues permettant d’accumuler l’eau de pluie. La construction de ces dispositifs est néanmoins souvent coûteuse en temps de travail et de transport de matériaux de construction.