Pour lutter contre ce système prédateur des ressources, des territoires et des peuples, il est nécessaire de nous interroger sur nos choix de société. L’absence de remise en question de nos modes de vie et de consommation est le verrou le plus puissant pour empêcher le développement d’alternatives et accepter comme une fatalité un fonctionnement économique et politique néfaste.
En tant que consommateurs, nous pouvons faire des choix raisonnés et nous interroger sur nos besoins et la manière de les satisfaire, en matière d'équipement hi-tech et électronique notamment. S’interroger également sur notre dépendance vis-à-vis des objets de notre quotidien et sur la maîtrise que nous en avons, en d’autres termes, sur notre autonomie : suis-je capable de réparer tel objet ? Est-ce que je sais comment cela fonctionne ? Ne pourrais-je pas utiliser un objet plus simple et durable nécessitant moins de ressources pour ce même usage ?
A travers nos modes de vie, c'est également la question du rapport à la nature qui se pose. La nature n’est-elle qu’un réservoir de ressources destiné à répondre aux besoins humains ? N’a-t-elle de valeur que vis-à-vis de son utilité ? De nombreux mouvements écologistes et peuples autochtones nous invitent à considérer la nature et ses ressources comme des biens communs afin d’adopter une attitude plus respectueuse et humble, nécessaire au maintien de l’équilibre fragile qui rend notre monde habitable.
Un mouvement visant à octroyer des droits à la nature s’est formé ces dernières années, s’inspirant notamment des cosmovisions autochtones des Andes. Ces droits garantiraient notamment le maintien et la régénération des cycles vitaux de la nature, ainsi qu’une restauration de son intégrité en cas de catastrophe écologique, par l’agent qui en est responsable.
Cela implique d’accepter l’existence de limites écologiques aux activités humaines. Notre modèle de développement, basé sur la croissance économique illimitée, doit alors être entièrement repensé. Mais, dans un contexte de crise économique des pays développés et d’une émergence tant attendue pour d’autres pays, de tels discours sont difficilement acceptables. L’emploi et le court terme l’emportent souvent dans les esprits plutôt que l’environnement, la santé et l’avenir des générations futures.
Tout l’enjeu consiste donc à proposer une transition désirable, génératrice d’emplois et de richesses, mais qui aura nécessairement redéfini ce que nous appelons richesse. Informer le plus grand nombre sur les coûts réels du système extractiviste doit se faire en parallèle de la construction d’alternatives démontrant qu’une société post-extractiviste heureuse est envisageable en changeant d’imaginaire.
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