L’information est un bien commun qui ne doit en aucun cas demeurer aux mains de quelques groupes de communication mondiaux. L’existence de médias pluralistes et indépendants est indispensable car, partout où la parole est confisquée, où l’information est tronquée, la liberté des individus est menacée. Du droit à la communication découle inévitablement d’autres droits : sans le droit à la parole, sans la possibilité d’exprimer ses pensées ou ses sentiments, aucun autre droit ne peut exister.
Les médias alternatifs agissent comme des libérateurs de parole. Ils jouent un rôle capital pour diffuser des informations recueillies directement sur le terrain en s'ouvrant aux innombrables voix qui ont leurs propres médias, leurs propres parti-pris et leurs propres réseaux. Ils agissent directement pour transformer la société, en permettant notamment aux personnes de s’organiser et de rendre visibles leurs luttes…
Entre le traitement des médias traditionnels français et celui des médias alternatifs, il y a parfois un gouffre tant les visions qu'ils donnent du monde sont dissemblables.
Ainsi, par exemple, à l'automne 2015, des regains de tensions entre Israéliens et Palestiniens sont attribués par les médias du monde entier aux assassinats de deux colons près de Ramallah. Pendant plusieurs semaines, le monde a les yeux rivés sur les « attaques au couteau » des Palestiniens (vis-à-vis des Israéliens) et les médias participent à décrire un climat de terreur. Très rarement il est mentionné que les assassinats de colons faisaient suite à l'incendie volontaire d'une maison de Palestiniens ayant entraîné la mort de toute une famille. Cet élément de contexte est indispensable pour expliquer ce nouvel accès de violence. Les assassinats de Palestiniens qui se succèdent au fil des mois et la violence qu'ils subissent quotidiennement de la part des colons sont très peu évoqués, soit parce qu'il sont occultés, soit parce qu'ils sont trop courants pour être considérés comme des « événements ». Pas plus que ne sont analysées les raisons qui poussent la jeunesse palestinienne à des actes de révolte. Trop peu de médias reviennent sur les scandaleuses déclarations du Premier ministre israélien appelant les Israéliens à s'armer et à tirer contre les Palestiniens…
Autant « d'oublis » qui participent à faire une couverture incomplète et erronée de ce qui est réellement en jeu dans ces attaques au couteau1.
Plus généralement, les termes employés par les médias pour décrire le conflit israélo-palestinien construisent une version de l'histoire : les Palestiniens perpétuent des « attaques » en réponse de quoi les Israéliens exercent des « représailles » (sous entendu, pour se défendre). En choisissant les agresseurs et les agressés, le langage journalistique construit une vision biaisée du conflit.
Seuls quelques médias indépendants, des ONG et associations spécialistes de la Palestine ont traité différemment la recrudescence des violences de l'automne 2015. Le journal israélien indépendant Ha'aretz, les articles et les tribunes de l'Alternative Information Center de Jérusalem ou les informations de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine ou de l'Association France Palestine Solidarité ont proposé de véritables analyses de fond sur ces événements et dénoncé l’asymétrie du rapport de force véhiculée dans les médias.
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