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En Ukraine, résistances et adaptation permanente

Sloviansk, ville à l’est de l’Ukraine traversée par le conflit (c)
Action pour la libération de Oleg Sentsov à Kiev en mai 2019
Lutte du cinéaste Oleg Sentsov
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Pauline
Lutte du cinéaste Oleg Sentsov (c)

Massacre sur la place Maïdan, annexion de la Crimée, revendications séparatistes des territoires du Donbasset de Lougank, attaques répétées contre des militant.e.s pour les droits : depuis 5 ans, la société ukrainienne est touchée par la guerre et traversée de multiples lignes de fracture. Regard depuis Kiev d'une jeune française russophone.

En mouvement, forcés de quitter le Donbass, la Crimée, pour aller vers un endroit plus sûr. Déplacés, blessés, ils sont aussi résilience. Depuis cinq ans, résilience à l’ailleurs, à la nouvelle vie contrainte, au départ et à l’arrivée.

Traumatisés quand ils révèlent leurs faiblesses aux moments inattendus : « mes jambes voulaient avancer, mais je n’y arrivais pas, j’étais bloquée », « mes mains tremblaient, impossible de les arrêter », « j’ai dû tout stopper pendant un an, je ne pouvais plus rien faire, une autre conséquence post-traumatique de ce que j’avais vu sur Maïdan » m’ont-ils raconté, victimes quotidiennes d’un conflit qui les dépasse.

Effrayés par l’absence des proches emprisonnés dans les territoires séparatistes du Donbass et de Lougansk. Privation des êtres.

Assassinats politiques

Tués par des snipers en 2014, rabroués ou battus lors de manifestations par la police ou des types d’extrême droite, hier et aujourd’hui ; à cause de prises de position sur la guerre, pour les droits LGBTQI, contre des politiques, ou encore pour la liberté de presse.

En cette année 2019, des dizaines et dizaines de corps déjà agressés car trop curieux d’en apprendre plus sur les affaires politiques ou la corruption qui animent le pays. Corps militants violentés, visage brulé.

Corps qui parfois se meurent sans aucune explication. Corps contrarié à cause des volontés de justice inassouvies. Les procès de ces 130 visages et victimes de ces snipers de 2014 sur la place Maïdan, à peine commencé depuis quelques mois, et qui déçoivent déjà les militants qui les portent pour réclamer réparation. Alors, leurs photographies exposées sur les rues dans le centre de Kiev rendent mémoire.

Cicatrices (de la guerre)

Culte de ces corps dans un pays en conflit, corps voulus comme virils pour se défendre. Corps genrés. Trop genrés.

Corps debout en barrière humaine, en sitting, en manifestation, en grève de la faim, qui esquissent le V de la victoire quand ils reviennent de Russie, après avoir été échangés en septembre dernier.

Corps aussi fatigués du conflit, des disparus, de l’absence de réformes, ils en deviennent nostalgiques, car c’était plus calme « до войны », avant la guerre.

Allures fières et sérieuses lors des actions et luttes menées. Aussi pendant les rencontres avec les officiels, pour dénoncer la réalité du conflit, l’absence de transparence, la corruption, le manque de réponse, ou encore la violence.

Larmes partagées des défenseurs des droits lors de la transmission de destins individuels, lourdement bouleversés depuis 2014. Mains qui documentent les crimes et violations des droits, oreilles qui écoutent les quelques récits parmi ceux des 1,5 millions de déplacés et des familles des 13 000 victimes depuis cinq ans. Rires après le travail pour se détendre.

Quelle beauté quand ils se libèrent des menaces reçues, des cicatrices visibles et invisibles qui les composent. Dans la respiration, l’articulation, la liberté, ces corps se délient et dansent les soirs d’été sur la place de l’Indépendance à Kiev, théâtre des révolutions.

Corps uniques, Liouba, Sergueï, Pavel, Milan, Alena, Sasha, Vika, ou corps inconnus, qui se déchirent, m’inspirent, s’opposent et résistent.

 

Pauline - Volontaire au sein du Center for Civil Liberties (CCL) en lien avec l'Assemblée Européenne des Citoyens (AEC).

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